Le palmarès des écoles de commerce 2013 du Figaro Etudiant a été publié la semaine dernière. Si la hiérarchie reste assez cohérente par rapport au controversé palmarès 2012, on continue à s’étonner de certains critères et de la façon dont ils sont jugés. Revenons sur les grands enseignements de ce classement.
Les 5 meilleures écoles en haut du classement, Audencia en perdition
Les 5 meilleures écoles de commerce restent les mêmes depuis de très nombreuses années. La hiérarchie entre elles est régulièrement bouleversée pour vendre du papier et apporter un peu de sensationnalisme à des articles qui seraient sinon un peu répétitifs.
Comme en 2012, Le Figaro Etudiant a choisi de rétrograder l’ESSEC à la 4è place, derrière HEC, qui dispose d’une marge de plus en plus confortable sur ses poursuivantes, l’ESCP Europe et l’EM Lyon. L’EDHEC complète ce top 5 et creuse l’écart avec les autres écoles du classement.
Le dernier membre du top 6 dans les choix des étudiants, Audencia, est en perdition à la 10ème place comme l’an dernier. Si la tendance est clairement à la baisse du côté de Nantes (qui perd de plus en plus d’étudiants au profit de Grenoble EM), la classer si loin parait assez sévère.
KEDGE remporte la bataille des fusions
Cette année a été le théâtre de deux fusions qui ont fait grand bruit. Rouen Business School et Reims Management School se sont regroupées au sein de NEOMA tandis qu’Euromed Management et Bordeaux Ecole de Management ont fusionné pour devenir KEDGE Business School.
La grosse surprise, c’est donc de retrouver KEDGE en 7è position, juste après Grenoble EM et juste avant NEOMA. En effet, en 2012, Euromed était classée 9ème et Bordeaux 13ème tandis que Rouen et Reims étaient respectivement 7 et 8ème. Il est assez difficile de comprendre comment, en moins d’un an d’existence, la fusion de deux écoles plutôt moyennes a pu supplanter celle de deux établissements ayant bonne réputation depuis très longtemps.
SKEMA, issue de la fusion entre l’ESC Lille et le CERAM Nice, se maintient pour sa part à une honnête 12ème place.
Des critères toujours très discutables
Que ce soit le maintien de l’ESSEC en 4ème position ou le bond surprenant de KEDGE, ce classement réserve comme en 2012 son lot de surprises. Ces surprises amènent donc à se pencher sur les critères retenus pour les barèmes ; critères qui apparaissent très discutables.
Une note de prestige absurde
La note de « prestige » (presque 25% de la note globale), soi-disant basée sur les classements FT et Shanghai, semble totalement farfelue. Ainsi, les écoles classées entre la 3ème et la 10ème place ont-elles quasiment toutes la même note (entre 12 et 13,5).
Nous serions curieux de comprendre, par exemple, comment l’ESSEC peut avoir une note inférieure à celle de l’EM Lyon et équivalente à celle de KEDGE alors qu’elle était mieux classée de respectivement 3 et 30 places dans le palmarès du Financial Times (http://rankings.ft.com/businessschoolrankings/masters-in-management-2013).
KEDGE bénéficie particulièrement de cette notation opaque puisqu’elle a une note significativement supérieure (12) à celle de l’ESC Montpellier (9), l’ESC Rennes (8,5) et l’IESEG (10,5), toutes mieux classées par le Financial Times…
Une importance démesurée accordée aux effectifs
On est également un peu étonné de l’importance du critère appelé « développement », basé sur le budget de l’école, le nombre d’étudiants et de diplômés. Ce critère semble encore une fois avoir été conçu pour faire remonter la note d’écoles comme KEDGE et l’INSEEC qui rivalisent d’effets d’annonce et investissent beaucoup pour des résultats qui restent à démontrer. Qu’est-ce que le nombre d’étudiants peut bien avoir à faire avec le niveau d’une école ?
La sélectivité et l’insertion marginalisées
Le Figaro Etudiant attribue une très faible importance à deux critères qui semblent pourtant prépondérants pour juger de la qualité d’une école : la sélectivité (où vont les meilleurs étudiants ?) et l’insertion (les diplômés sont-ils bien accueillis sur le marché du travail ?). Cela fausse le classement car si ces critères avaient plus d’importance, ils pénaliseraient à coup sûr des écoles comme KEDGE, Toulouse BS ou encore Grenoble EM.
Voilà donc pour les principales conclusions que l’on peut tirer de ce palmarès où l’on a encore l’impression que les journalistes ont été influencés par la communication de nouvelles écoles disposant de gros moyens en négligeant parfois quelques éléments de bon sens.