Le Bac n’est plus une fin en soi. Ce n’est pas une nouveauté mais le nombre de recalés est famélique et, surtout, baisse d’année en année. En 2013, seuls 8% des aspirants bacheliers issus de la filière générale (L, ES et S) ont échoué à obtenir le diplôme. Pour les étudiants un tant soit peu ambitieux, il s’agit donc de surperformer dès la fin du collège pour préparer l’après-bac.
Le bac est devenu une formalité
Chaque année l’examen emblématique de la fin de l’enseignement secondaire se galvaude un peu plus. En 2013, toutes filières confondues, 86,9% des candidats ont obtenu leur baccalauréat. C’est 1,5 point de mieux qu’en 2012.
Si l’on se concentre sur les filières généralistes (L, ES et S), non seulement le taux de réussite augmente encore (92%) mais les taux de mentions sont également de plus en plus impressionnants. En effet, toutes séries confondues, 58,6% des candidats ont eu au moins la mention assez bien. En voie S, encore considérée comme la voie royale, il n’y a que 36,2 % des étudiants qui n’obtiennent aucune mention.
Bref, avoir son bac avec mention est devenu la norme et n’a plus vraiment d’influence sur la suite de vos études.
Préparer les études supérieures dès la fin du collège
En effet, si certaines filières utilisent encore les résultats du Bac pour sélectionner les meilleurs éléments, elles sont de plus en plus rares. C’est le cas des IEP de province et de certaines universités étrangères par exemple (King’s College, HEC Montréal, Polytechnique Lausanne, etc.). Certaines prépas privées peuvent également attendre les résultats du Bac pour accepter ou refuser définitivement un candidat tangent.
Pour les filières d’excellence, la prépa plus particulièrement, le bac n’a donc aucune espèce d’importance. Les étudiants remplissent leurs souhaits APB avant l’examen et les affectations sont généralement basées sur des résultats arrêtés en fin de deuxième trimestre de terminale.
Cet état de fait n’est pas vraiment nouveau. Ce qui change plus la donne, c’est le système Affelnet, en place depuis 2008, qui gère les admissions au lycée un peu de la même façon que le système APB pour la prépa. Les élèves remplissent leurs souhaits et sont affectés en fonction de leurs résultats (et de leur localisation). Un petit coup de mou en troisième et vous voilà affecté à un lycée de deuxième ou troisième catégorie. Il faudra ensuite se dépasser en Seconde pour espérer intégrer un meilleur établissement en Première et se replacer dans la course aux études d’excellence (prépa, Sciences Po, etc.).
A ce titre, les résultats obtenus en troisième sont en réalité bien plus importants pour l’avenir que ceux du Bac, décoratifs.
Un gouffre entre le rythme du secondaire et celui de la prépa
Indépendamment du strict niveau académique, c’est la différence de rythme entre le secondaire et les études supérieures qui croît régulièrement. Là encore, la baisse de niveau du bac, devenu un examen non sélectif, est en cause.
Arrivés en prépa, rares sont les étudiants préparés au niveau d’exigence, à la rigueur et à l’implication demandés pour réussir un concours. Le premier trimestre est d’ailleurs souvent l’occasion de faire le tri entre ceux qui parviennent à élever leur rythme de travail et ceux qui abandonnent.
De plus en plus, on recommande donc aux élèves du secondaire d’en faire plus que ce qui est exigé par l’Education Nationale, aussi bien dans le domaine scolaire (faire des stages d’approfondissement des matières importantes pour les études que l’on envisage) qu’extra-scolaire (faire des voyages linguistiques, s’impliquer dans des activités sportives ou associatives, etc.).
En effet, dès lors qu’il est obtenu par la quasi-totalité d’une classe d’âge, le Bac ne peut plus être une finalité. Il faut désormais penser la fin du collège et le lycée comme une rampe de lancement vers la suite et trouver une autre façon de sortir du lot.