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Deux magazines bien connus - L’Etudiant et Challenges - publient chaque année les palmarès des classes préparatoires aux concours et notamment celui des « prépas HEC » ECS et ECE.
Les établissements les plus prestigieux se battent chaque année pour y figurer en bonne place et s’attribuer le titre honorifique de meilleure prépa de France. Il est donc intéressant de se pencher sur la façon dont ces classements sont réalisés et les raisons pour lesquelles ils sont parfois différents : les méthodes de calcul, les indices utilisés, les écoles comptabilisées, etc.
Une méthodologie simple en apparence
Les deux classements de l’Etudiant et de Challenges sont réalisés de façon simple. Pour obtenir le pourcentage de réussite, on rapporte le nombre d’étudiants ayant intégré une école au nombre d’étudiants ayant été présentés aux concours par chaque établissement.
La méthode semble relativement objective et pourtant les classements de ces deux magazines présentent régulièrement des résultats différents. Pour comprendre pourquoi, il faut se plonger dans les sources accessibles pour connaître les effectifs des classes préparatoires.
SIGEM ou DEPP ?
Il existe deux sources : la DEPP (Division de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance) du Ministère de l’Education Nationale et la base de données SIGEM qui recense les inscrits et les intégrés aux différents concours.
Le chiffre DEPP est normalement le chiffre d’inscrits en début d’année tel que déclaré au Ministère par les chefs d’établissements ; le chiffre SIGEM représente le nombre d’élèves ayant réellement passé les concours.
Des chiffres différents
Ces deux chiffres sont dans la majorité des cas identiques, mais justement… pas toujours ! Et c’est là que la méthodologie employée par les uns ou les autres peut différer. Challenges assimile « nombre d’inscrits » et « effectif déclaré au Ministère en début d’année » ; l’Etudiant a, lui, pris comme référence le plus grand des deux chiffres.
Mais alors la question précédente se précise : pourquoi ces deux chiffres ne sont-ils pas toujours identiques et comment interpréter les différences ?
Lorsque l’effectif SIGEM est inférieur à l’effectif Ministère, deux hypothèses, soit des abandons en cours d’année (mais s’ils ne sont pas trop rares en 1ère année, ils sont exceptionnels en 2ème année), soit des candidats jugés trop justes et « invités » par leur établissement à se présenter en candidats libres pour préserver les statistiques.
Lorsque c’est le chiffre Ministère qui est inférieur à l’effectif SIGEM, l’interprétation est plus difficile : sous-déclaration volontaire ? Erreur ? Admis tardifs, après enquête Ministère ?
Pas de méthode infaillible contre la fraude
La méthodologie de L’Etudiant qui prend systématiquement comme base de calcul du pourcentage d’intégration le plus grand des deux chiffres d’effectifs semble donc la plus fiable car elle permet, en partie, de voir si des établissements sous-déclarent volontairement leurs effectifs en début d’année.
Aucune des deux méthodes, pourtant, ne permet de s’affranchir d’autres pratiques comme celle des « candidats libres ».
Un cas pratique permet de mieux comprendre le problème :
une prépa dispose de 50 étudiants
elle en déclare 40 en début d’année (chiffre DEPP)
puis en incite 7 à se présenter en candidats libres
elle présente donc 43 étudiants au concours (chiffre SIGEM)
En admettant que 38 élèves intègrent finalement, les statistiques seront les suivantes :
Challenges : 38/40 soit 95% de réussite
L’Etudiant : 38/43 soit 88,4% de réussite
Réel : 38/50 soit 76% de réussite !
Certains établissements vont même jusqu’à ne pas déclarer leurs effectifs en début d’année à la DEPP, ce qui laisse la porte grande ouverte à toutes les manipulations de résultats. Il s’agit donc d’être très prudent lorsque l’on lit ces palmarès.