Benoît Hamon est le nouveau ministre de l’Education Nationale dans le gouvernement remanié de Manuel Valls. Si nous avions critiqué son prédécesseur Vincent Peillon pour sa tentative de réforme inutile des heures des profs de prépa, cette nomination n’est pas spécialement rassurante.
Benoît Hamon : des prérogatives élargies, un choix opportuniste
Benoît Hamon se voit confier les rênes d’un grand ministère. Il reprend en effet le flambeau de Vincent Peillon à l’Education Nationale mais il récupère également la Recherche et, ce qui nous intéresse au premier chef, l’Enseignement Supérieur, poussant ainsi vers la sortie Geneviève Fioraso.
Il suffit de jeter un œil au parcours de Benoît Hamon pour comprendre que le choix fait par le chef du Gouvernement est politique et non technique. Benoît Hamon ne s’est en effet jamais distingué par sa connaissance du milieu de l’Education. Ce sont des sujets dont il ne s’est jamais emparé et l’on peut s’inquiéter du temps qu’il lui faudra pour atteindre un niveau de compétence et de crédibilité suffisant pour faire avancer les choses.
Benoît Hamon à la tête d’un ministère de l’Education aux responsabilités élargies, c’est évidemment un geste de François Hollande pour apaiser l’aile gauche du Parti Socialiste. La question qui se pose, dès lors, est de savoir si c’est une façon de reléguer l’Education au second plan d’une action gouvernementale focalisée sur le Pacte de Responsabilité et le redressement économique.
Quel programme pour Benoît Hamon ?
Si Benoît Hamon ne brille pas par sa connaissance des questions d’éducation, il a en revanche une longue histoire de manifestations étudiantes derrière lui : il a participé aux manifestations estudiantines de 1987 au tout début de sa carrière politique et a surtout beaucoup conseillé les syndicats étudiants socialistes au moment de la mobilisation contre la réforme du CPE. Ces derniers temps, il s’est également rapproché de quelques syndicats de professeurs, sans doute en prévision de sa nomination.
En bref, Benoît Hamon est à la pointe du dialogue social, ce qui peut être une bonne chose, mais cela ne constitue pas un programme. N’est-il pas juste là pour ménager la chèvre et le chou pendant les 3 années de quinquennat restantes ?
L’autre inquiétude pour l’enseignement supérieur vient de son image de personnalité idéologiquement marquée très à gauche du Parti Socialiste. Souvent, l’idéologie de gauche s’accommode assez mal de l’élitisme inhérent au système des prépas.
Nous observerons donc avec attention les premières indications données par Benoît Hamon en espérant qu’il saura mener une politique plus pragmatique qu’idéologique et qu’il s’emparera des vrais enjeux : réformer l’enseignement secondaire pour améliorer l’égalité des chances dans l’enseignement supérieur, renforcer le rayonnement de l’enseignement supérieur français à l’international, ne pas relancer les guéguerres public-privé, etc.