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Olivier Sarfati, coach en prépa, a relaté dernièrement sur son blog la mésaventure d’une étudiante en prépa HEC qui a connu les pires difficultés à passer d’une première année en ECS à une deuxième année en ECE. Son billet a tourné et commence à agiter le landernau du monde des prépas, lançant même un début de polémique avec le lycée Chateaubriand à Rennes. Doit-on autoriser les étudiants à changer de voie en cours de prépa ? La question, déjà intéressante en soi, pose également celle, plus large, de l’orientation scolaire en France.
Rappel des faits
Olivier Sarfati, sollicité pour des cours particuliers en maths par une étudiante en première année ECS du lycée public Chateaubriand, lui suggère plutôt d’envisager de passer en voie économique pour sa deuxième année. Elle est bonne dans les matières littéraires et peine en maths. Il lui faudra cravacher en histoire économique mais il considère qu’elle sera plus épanouie et que ses chances au concours seront bien plus élevées.
Or l’Education Nationale n’autorise pas les changements de voie entre les deux années de prépa. Après moult rebondissements, des refus répétés du Lycée Chateaubriand d’opérer le changement de voie, l’étudiante finit par passer en ECE dans un établissement privé et intègre l’ESSEC avec d’excellentes notes dans toutes les matières.
La polémique
Le récit d’Olivier Sarfati se lamentant de la rigidité du système de l’Education Nationale et, donc, des établissements publics a déclenché une réaction étonnante du Lycée Chateaubriand qui a publié un droit de réponse évoquant des arguments un peu étranges, tels que l’égalité des chances.
Faire passer un étudiant d’ECS en ECE ou recruter un étudiant de Terminale S en ECE réduirait les chances d’intégrer des étudiants ayant un cursus 100% voie économique. La raison : une formation plus poussée en maths, une matière qui garde un gros coefficient, même en ECE.
Mon opinion
L’argument semble assez fallacieux. En effet, on ne comprend pas très bien ce que l’égalité des chances vient faire dans tout ça. Un étudiant de 1ère année ECS sera certes, a priori, meilleur en maths qu’un étudiant ECE classique mais il lui faudra rattraper un retard considérable en histoire économique et hausser son niveau en culture générale et en langues qui ont des coefficients plus importants aux concours de la voie éco qu’à ceux de la voie scientifique.
Il est également difficile de comprendre cette rigidité du système public. La prépa est un environnement exigeant et compétitif et l’épanouissement des candidats y est indispensable. Pour réussir, il faut prendre du plaisir à travailler les matières que l’on aime. Il parait donc logique, dans des cas aussi évidents que celui relaté par Olivier Sarfati, d’autoriser des profils littéraires mal orientés à l’origine à changer de voie pour maximiser leur chances de réussite.
Repenser l’orientation des étudiants
De manière plus générale, le débat s’étend aux politiques d’orientation dans l’enseignement secondaire et supérieur en France. Olivier Sarfati pointe assez justement la tendance à orienter les bons élèves, quelles que soient leurs matières de prédilection, vers une Première S, considérée encore comme une voie royale regroupant les meilleurs éléments. Il serait temps de réhabiliter les voies ES et L et de changer les attitudes pour orienter les élèves vers les filières qui correspondent le mieux à leurs qualités.
Il nous parait important de rendre les filières plus poreuses et de permettre, si les résultats le justifient, non seulement de passer de l’ECS à l’ECE mais aussi de passer d’une Première S à une Terminale ES ou L. En effet, on ne sait pas forcément à 16 ans ce qu’on aime, ce qu’on veut faire, et enfermer si tôt les étudiants dans un système rigide parait plus contreproductif qu’autre chose. A l’heure actuelle, seuls les établissements privés le permettent. Ne serait-il pas temps pour l’Education Nationale de l’autoriser également ?
Un appel à témoin a été lancé pour recueillir des témoignages d’élèves, de parents, de professeurs, de directeurs d’établissement, etc. sur la question. Affaire à suivre, donc.